1999

Quand arrive la cinquième édition d’un pari comme celui de Cinéma Tout Ecran, le devoir est de s’interroger sur le bien-fondé de son projet. En l’occurrence, ce droit est devenu un privilège juste! Même à l’adresse de nos pires craintes: les rapports entre télévision et Septième Art n’ont pas débouché sur un bâtard, l’ajustement ne s’est pas opéré vers le bas, mais, au contraire, la qualité a pris l’ascenseur.

De souris la télévision est devenue éléphant dominant quantitativement le cinéma. Pour le meilleur – ce qui nous intéresse – et pour le pire. Le pire, autrement dit l’évidence que tous deux sont sources intarissables de produits de “divertissement” destinés à gonfler l’audimat , la fréquentation et rapporter des parts de marché. N’oublions pas cependant que cet argent fait vivre l’industrie de l’audiovisuel, car il s’agit d’une industrie, et que c’est parce qu’elle se porte bien qu’elle permet aux tâcherons comme aux auteurs de s’exprimer. Ce qui ne signifie pas que les premiers font vivre les seconds, nous avons prouvé qu’il est des oeuvres d’auteur “grand public”. Ce sont elles, justement, qui donnent ses lettres de noblesse à l’un comme à l’autre, et lui permettent de vivre. Au propre comme au figuré, dans la mémoire des hommes et dans le quotidien.

A l’exemple de ” No Child of Mine” Grand Prix CTE 98 (35% de part de marché à la TSR) la télévision produit des oeuvres de qualité, des films d’auteur, qu’elle ne devrait plus craindre de présenter en début de soirée. Comme au cinéma, le public aime les oeuvres majeures. Pour témoin l’affluence record à Cinéma Tout Ecran l’an passé. On vient voir des films, peu importe d’où ils sont issus, qui les a produit. Ce qui compte, c’est qui les réalise et qui les interprète.

Et même si cinéma et télévision continuent à alimenter un océan d’imbuvables niaiseries, il n’en demeure pas moins que de la nasse qu’on y jette, on peut retirer de véritables perles. Des perles qu’année après année nous trions pour les offrir au public. Ici à Cinéma Tout Ecran, notre croisade de toujours, mais aussi ailleurs. L’impulsion que nous avons donnée a été salutaire. Aujourd’hui, on ne compte pas un seul festival majeur de cinéma, Venise, Cannes, Berlin, Locarno, Taormina, qui n’ait pas son “téléfilm”.

Aujourd’hui, le cinéma et la télévision sont désormais complémentaires. Inséparables… comme les premiers oiseaux du chef-d’oeuvre d’Alfred Hitchcock. Et ce n’est pas un hasard. Le génie d’Alfred Hitchcock a fait si qu’il a été l’un des premiers grands maîtres à mesurer l’importance du petit écran et à s’en emparer.

Bon anniversaire Monsieur Hitchcock.

Léo Kaneman
Directeur artistique


PALMARES

Le Festival Cinéma Tout Ecran, qui propose depuis 5 ans des films d’auteur produits pour et par la télévision, a soufflé les bougies de son 5ème anniversaire avec joie et satisfaction. Une sélection de choix, un programme à la fois varié et cohérent, ont attiré plus d’une centaine de journalistes venus d’horizons différents (Suisse -romande, alémanique et tessinoise-, France, Belgique, Italie, Allemagne, Pologne, Iran, Inde…), plus de 700 professionnels du cinéma et de la télévision, suisses et étrangers, des invités prestigieux et surtout un public de plus en plus fidèle et nombreux.

Curieux, enthousiastes, émus, les spectateurs se sont précipités dans les salles, plus nombreuses cette année, en raison d’une programmation dense et de séances affichant souvent complet. La compétition officielle, composée de 16 films, et la Sélection Internationale de films courts, qui comportait plus de 80 films, ont été particulièrement suivis et faisaient salle comble tous les soirs.

En outre, cette année, le Select Screening, marché sélectif offert pour la première fois aux professionnels, a convaincu une trentaine d’acheteurs, satisfaits des conditions de visionnement et surtout de la qualité de la sélection.

La réussite du Festival tient dans son concept, prouver que la qualité de l’oeuvre prime sur son format, et démontre que tant le public que les professionnels savent apprécier et aiment découvrir des oeuvres nouvelles et de pays aussi différents que généreux.

Et le palmarès reflète cet état, en privilégiant des films qui se penchent de façon singulière et avec justesse sur les relations humaines dans un contexte social et politique de plus en plus rude.

COMPETITION OFFICIELLE

Le jury international, composé de Freddy Buache (Président du Jury, Suisse), Eva Almassy (écrivain, Hongrie), Fernando Perez (cinéaste, Cuba), Antoine de Clermont-Tonnerre (producteur, France) et Warrington Hudlin (cinéaste, Etats-Unis), a décerné les prix suivants.

 

GRAND PRIX CINEMA TOUT ECRAN POUR LE MEILLEUR FILM

d’une valeur de 10’000 frs (suisses) offert par la Ville de Genève

“HISTORY OF THE CINEMA IN POPIELAWY”de Jakub J. Kolski, Pologne

pour la cohérence de sa composition: scénario, direction d’acteur, photographie et musique.

GRAND PRIX SPECIAL DU JURY POUR LA MEILLEURE REALISATION

d’une valeur de 10’000 frs (suisses) offert par l’Etat de Genève

Claire Denis pour “BEAU TRAVAIL”, France

pour la beauté de l’expression cinématographique qu’il représente.


 PRIX D’INTERPRETATION FEMININE

d’une valeur de 5’000 frs (suisses) offert par l’Hôtel Richemond

Anna Thalbach dans “OSKAR UND LENI” de Petra Katharina Wagner

pour sa grâce, sa fragilité et sa force.

PRIX D’INTERPRETATION MASCULINE –

d’une valeur de 5’000 frs (suisses) offert par l’Hôtel Richemond

Timothy Spall
 dans “SHOOTING THE PAST” de Stephen Poliakoff, Grande-Bretagne

Décerné à l’unanimité, pour l’intelligence qui fuse sous son air excentrique

PRIX TITRA-FILM – Encouragement à la distribution

En prestation de traduction et sous-titrage

“TWO WOMEN” de Tahmineh Milani, Iran

pour l’audace de son sujet et la réussite artistique du film. Le jury exprime son désir de voir ce film diffusé dans les salles.


PRIX POUR LE MEILLEUR SCENARIO

d’une valeur de 2’000 frs (suisses) offert par la Ville de Genève

“SHOOTING THE PAST” de Stephen Poliakoff, Grande-Bretagne

pour cette histoire captivante qui nous enseigne que pour vivre notre présent il faut préserver notre passé.


MENTION POUR LA MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

d’une valeur de 2’000 frs (suisses) offert par Egli Films & Video AG

Hélène Louvart 
pour “RETIENS LA NUIT” de Dominique Cabrera

pour l’excellente qualité des mouvements de caméra et des prises de vue nocturnes.


PRIX DU JURY DES JEUNES

“THE PAST” de Ivo Trajkov, République Tchèque

Décerné à l’unanimité

SERIES ET COLLECTIONS

Le jury, composé de Laurence Bachman (Alya), Anat Birnbaum (Canal+) et Douglas Schwalbe(HBO), a attribué les prix suivants:

PRIX DE LA MEILLEURE SERIE

“DAG, NACHT, DUISTER (JOUR, NUIT, CREPUSCULE)” de Dana Nechustan, produit par NPS, Pays-Bas

Décerné à l’unanimité, pour la justesse de son ton.

PRIX POUR LA MEILLEURE ACTRICE

Une montre Delance

Arsinée KHANJIAN dans “FOOLISH HEART”de Ken Finkleman

Décerné à l’unanimité


PRIX POUR LE MEILLEUR ACTEUR

Une montre André Le Marquand

Tony NARDI dans “FOOLISH HEART” de Ken Finkleman

Décerné à l’unanimité


VIIIème SELECTION INTERNATIONALE DE FILMS COURTS

Le jury, composé de Pico Berkowitch (Belgique), Pierre-Marie Jouany (France) et Franciska Reck(Suisse), a attribué les prix et mention suivants

PRIX DU MEILLEUR COURT METRAGE

d’une valeur de 5000 frs offert par la Société Suisse des Auteurs (SSA)

“EL ENCUENTRO”  de Maximiliano Gerscovich, Argentine

“El Encuentro” nous emporte dans les mystères du monde de Borges. Le réalisateur a conjugué de façon remarquable les moyens artistiques nécessaires à sa mise en scène. Le film nous fait ressentir un univers complexe où le temps se dissout dans un espace cinématographique original.

MENTION POUR LE MEILLEUR FILM D’ANIMATION

“LE CYCLOPE DE LA MER” de Philippe Jullien, France

Pour la rencontre réussie entre la poésie et ses moyens d’expression.

MENTION POUR LA MEILLEURE INTERPRETATION

Isabelle Meyer dans “LA REINE DU COQ A L’ANE” de Jeanne Waltz, Suisse

et

Natali Broods dans “BXL MINUIT” de Dorothée Van den Berghe, Belgique

Pour la force et la fragilité qu’elles apportent à leur personnage.

MENTION POUR L’ORIGINALITE DE L’OEUVRE

“LUX AETERNA” de Serge Avedikian et Levon Minasian, France

et

“HURTLE” de Shona McCullagh, Nouvelle-Zélande

Pour nous avoir rappelé que le cinéma peut aussi être totalement imprévisible.

PRIX FRANCE 3  Achat

“LA REINE DU COQ A L’ANE” de Jeanne Waltz, Suisse

Ce film a été particulièrement apprécié pour la justesse de son ton et pour la qualité de l’interprétation.

PRIX ATTRIBUES POUR LES FILMS SUISSES EN COMPETITION INTERNATIONALE ET LA SECTION “DECOUVERTES”

Le jury, composé de Rui NogueiraSimone Tschopp et Séverine Barde, a attribué les prix suivants:

 

PRIX ACTION LIGHT

d’une valeur de 10’000.- (suisses) en prestations techniques.

“ADRIAN UND DER WOLF” de Sylvie Lazzarini

Qui se distingue par la justesse de la mise en scène en traitant avec sobriété un sujet délicat.

PRIX KODAK

d’une valeur de 1500 frs (suisses) en pellicule.

“REPLAY” d’Isabelle Favez

Une poésie tranquille, une douceur de vivre, le temps d’une ronde pour nous séduire.

PRIX JVC, attribué uniquement à un film de la section “Découvertes”

Une petite caméra digitale JVC GR-DV9500EG d’une valeur de 3’000 frs (suisses) offert par JVC.

“SALADE(S) RUSSE(S)” de Elena Hazanov

Ce petit film d’une cinéaste prometteuse nous transmet, avec maîtrise, la sensibilité et les excès de son âme russe.


PRIX EGLI FILMS & VIDEO AG

d’une valeur de 5’000.- (suisses) en prestations de laboratoire.

“CARCASSES ET CRUSTACES” de Zoltan Horvath

Le malheur des uns fait le bohneur des autres et inversement. Zoltan Horvath nous plonge dans un flot de sons et d’images qui confirme, avec humour, sa virtuosité dans l’animation.